Ecrire
Novembre 2017
NaNoWriMo arrangé : une nouvelle par jour pendant un mois
Page blanche. Vertige de l’infini. Page lisse, vierge, où tout est encore possible. Page lignée où se combattent, invisibles, dragons et fées. Chacun veut apparaître, chacun veut son morceau d’éternité. Tant de mondes s’étalent. Des milliers d’histoires à raconter. Page blanche où tout reste permis. Où tout reste à inventer.
Le stylo s’agite, trace, dessine. Les mots apparaissent. Les mondes se forment. D’abord incohérentes, les phrases s’assemblent. Un nouvel univers est né. Pour le moment il est minuscule. Embryonnaire. A peine l’esquisse d’un paysage. Trois mots griffonnés, mais déjà une autre réalité. Un lieu qui se réinvente.
Les phrases s’accumulent. Les mots se bousculent. Plus de questions à présent. Le monde est clair, le monde est là. Plus nécessaire d’expliquer. Presque plus nécessaire d’imaginer. Seulement laisser l’histoire se dérouler. Les personnages prennent vie, sortent du cadre. Ils vivent leurs envies, choisissent leur route. Le stylo lui-même ne parvient plus à les contrôler. Ils ont pris le pouvoir sur les mots. Ils ont pris en main leur destinée.
La page se couvre. Signes indéfinis, étranges. De simples dessins abstraits qui ouvrent des mondes entiers. Des mondes qui ont une seule clef : un peu d’encre déposée sur du papier.
La page est remplie. L’histoire s’achève. Il va falloir penser à accoster. Retrouver les berges de la réalité. Repartir doucement loin de ces mondes enchantés. Pourtant, ils continuent à exister. Bien après que le stylo se soit levé, bien après que la page soit complétée. Tous ces personnages continuent leur vie, au-delà des mots. Rien ne pourra plus jamais les tuer.